Vers de vain
Il faut le reconnaître, l'exercice est tentant :
Sur une page blanche, exprimer à son gré
Une autre page blanche, et celle qu'il nous sied -
De vide organisé, inonder le néant.
Pourquoi quatorze lignes, et surtout à quoi bon -
Se retrouvèrent-elles sous une plume habile
A être du vacant l'aumônière sébile
Quand pour le bien penser, besoin est de bourbon
Suffisante liqueur qui nous fait voyager
Jusqu'aux matins frileux de cette vacuité
Que nous narrons si mal sans le verre à la main
Aux scribes persistants de cette insignifiance
Peinant par un sang clair, à prendre la distance :
Je recommanderai l'éthylique chemin.
Exercice de style, ou jaillissement pur ?
RépondreSupprimerLe fait d'avoir un peu apprivoisé la forme
Permet-il d'éveiller les sentiments qui dorment,
Ou n'est-ce que de l'encre étalée sur un mur ?
Est-ce pour confirmer ce dont je ne suis sûr,
Ce que je crois trop vain, trop idiot, trop énorme
Que j'aligne mon texte en respectant la norme ?
Avec mes illusions, ne soyez pas trop durs.
Quant à noyer mes vers au jus de la bouteille,
Je le fais certains jours, à l'ombre d'une treille,
Mais la sobriété me guide, au quotidien.
Qu'on trouve peu de sens à mes oeuvres frivoles,
C'est que facilement je fuis et je m'envole
Vers un monde onirique où le sens ne m'est rien.
ALCOOLIQUE FÉLICITÉ
RépondreSupprimerPassant qui passe là, il n'est littérature
Qui puisse sustenter autant qu'une boutanche
Déridant fort les gueux quand devant eux s'épanche
Le doux nectar carmin, ou la noble biture.
Sur les ailes du vin, l'on part à l'aventure,
Sans jamais que barrés les symposia ne flanchent.
C'est même une folie qui parmi nous enclenche
Grands et puissants propos à noble contexture.
Ami, pinçons un peu le cul de la bouteille,
Faisons-lui dégorger le bon jus de sa treille...
Cette commère n'est pas faite pour déplaire,
Et si je devais là quantifier sa saveur
À un humain tout neuf et vierge de liqueur,
Où serait l'analogue, en éclat similaire ?
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